samedi 5 mai 2012

Une mini nouvelle fantastique à partir d'un tableau!

« Le Déjeuner sur l’herbe » de Manet
Situation de la nouvelle : Monique et Georges forment un couple inséparable depuis des années. Ils vivent en France, en Corse plus précisément.
C’est enfin l’été et les activités vont pouvoir recommencer. Monique et moi, habitons dans une petite ferme, non loin de la forêt. Nos voisins, Carine et Jacques viennent régulièrement dîner à la maison. Quand l’été  arrive, nous recommençons les soirées à l’extérieur. Il faut dire qu’on en profite beaucoup et que le vin coule à flot. Quand on a de si belles vignes... Enfin, vous savez.
L’été, c’est aussi la période où je pense énormément à ma femme, Monique ! Il y a exactement un an qu’elle est partie. Si cette foutue échelle n’avait pas lâché, elle serait toujours parmi nous…
Je ne peux pas m’empêcher de lui parler, encore moins en ce jour. J’ai placé un cadre avec une des plus belles photos d’elle dans un coin de la chambre. Elle est toujours avec moi.
-          Georges, tu m’entends ? Je suis là!!! Il ne m’entend pas, le fait-il exprès ?
Je vais peut-être paraître fou mais depuis sa mort, j’ai comme l’impression qu’elle essaye de me parler. Notre chat se met parfois à gesticuler et à miauler bizarrement. Les meubles se mettent parfois à trembler, les portes à claquer. Suis-je en train de rêver ou est-ce Monique qui veut me faire passer un message ? La peur m’envahit et je commence à trembler de partout.
L’été, l’été sans Monique pour pique-niquer, avec Carine et Jacques, ça va être plus difficile qu’avant. Les larmes montent mais j’essaye de ne pas trop y penser.
Lundi dernier, avant d’aller me coucher, Monique a surgit au coin de mon lit, elle n’avait pas changé et portait une robe blanche en voile.
-          Puis-je passer la nuit avec toi ? Tu m’évites en permanence, je ne sais plus quoi de penser de nous deux !
(Je n’ai jamais eu aussi peur mais je ne veux pas lui montrer alors je lui réponds bêtement).
-          Oui.
C’est à ce moment-là qu’elle se glissa sous la couverture et s’agrippa à moi. Je finissais la bouteille de vin avant de m’endormir. Impossible de m’endormir, je suis confronté à un monstre, ce n’est pas ma femme, elle est morte.
-          Quand est-ce qu’on retournera déjeuner dans la forêt avec les voisins ? Je préparerai du thé à la menthe et des toasts savoureux.

-          Quand tu veux ma chérie, nous leur en parlerons demain matin.

Au réveil, Monique avait disparu. La peur avait disparu avec elle. Je suis pourtant sûr qu’elle soit venue me rejoindre hier soir. Zoé, non Zoé, pas toi !!! Zoé avait doublé de volume, n’avait plus de poils et ses yeux ressortaient de ses orbites. Quand je l’approchais, elle grognait tel un chien enragé et essayait de me mordre ! Je décide d’aller chercher une carafe de vin au salon et de m’enfermer dans ma chambre. Soudain, quelqu’un sonna à la porte. Je regarde par la fenêtre, c’était Jacques.
-          Veux-tu déjeuner ce midi dans la forêt ? Le soleil est de retour.
-          Pourquoi pas, que dois-je apporter ?
-          Contente-toi d’amener du vin, Carine se chargera du reste. À midi, près de la rivière, d’accord ?
-          Oui !
J’étais encore un peu étourdi par ce qui m’était arrivé la nuit précédente avec Monique. Puis, Zoé, je n’arrivais pas à comprendre. Devrai-je en parler tout à l’heure ou garder cela en secret ? Je ne sais pas, je verrai…
Midi sonna. J’avais préparé les bouteilles que j’emportais dans un panier. Arrivé à la forêt, Carine se rinçait au ruisseau, c’était sûrement parce qu’elle avait chaud. J’allai alors m’installer près de Jacques. Nous parlions de banalités, de gens du village mais mes pensées étaient envahies par la peur, la peur de voir Monique réapparaître à nouveau. La peur de ne jamais revoir Zoé comme avant.
-          Chéri, tu aurais pu me prévenir ! Hier je t’ai demandé de proposer aux voisins un déjeuner et te voilà, présent, sans moi !
Monique s’assied à côté de moi, totalement nue. Jacques ne sembla pourtant pas l’apercevoir. J’avais l’impression de faire un bond en arrière de deux ans.
-          Chéri, as-tu amené des toasts ?
Naturellement, je lui réponds :
-          Non, Carine les a préparés.

-          Georges, à qui parles-tu ? Il n’y a personne à côté de toi.

-          Chéri, j’ai froid, peux-tu me donner la couverture ?
J’étais perdu, suis-je en train de rêver ?
-          Chéri, j’ai froid !!!
-          Tiens, voilà, dit-il d’un ton inquiet.
-          Georges, qu’est-ce qu’il te prend, tu parles seul ! Qui vois-tu à côté de toi ?
-          Monique est là, elle me parle et je ne peux pas l’éviter.
-          N’écoute pas ce Georges, il a toujours été jaloux de toi, de ta réussite. Tu ne vois pas qu’il essaye de te rabaisser ? Laisse-le et parle-moi.

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