lundi 21 mai 2012

Critiquer, critiquer, ce n'est pas toujours facile!

Birth Marked ou « Marqué à la naissance »[1]

F
aut-il plonger les yeux fermés dans un tel roman ? Tout dépend les attentes et envies de chacun… Il est parfois simplement bon de craquer, de foncer, sans trop se poser de questions ! Malgré le manque d’originalité du roman, l’intrigue ne manque pas de rebondissements… La personnalité des personnages est travaillée, le lecteur a la chance de pouvoir se les représenter, comme s’il les connaissait.


   Caragh O’Brien est née dans le Minnesota aux États-Unis, et est aujourd’hui professeur d’anglais au lycée dans le Connecticut. Elle a commencé par écrire des romans sentimentaux et s’est ensuite dirigée vers la littérature jeunesse avec « Birth Marked », son premier roman pour adolescents. Celle-ci est passionnée par les codes secrets et les langues, qui servent parfois de passerelles ou au contraire de barrières entre les peuples. Elle sera alors influencée par ses passions et ne pourra s’empêcher d’en faire les thèmes principaux de son œuvre.
   « Rebelle», sorti en 2010 est le premier tome d’une trilogie dont le héros est Gaia, le second est appelé « Bannie », et le dernier « Captive ». Tous sont en vente et font partie de la maison d’édition  Mango, où mondes imaginaires offrent une panoplie de genres qui permettent au lecteur de s’évader, rêver mais aussi et surtout réfléchir et comprendre le monde qui nous entoure…
   L’auteure nous lance dans un roman de Science-fiction, nous sommes d’ailleurs envoyés dans les années 2400, mais bizarrement, la société dans laquelle vit Gaia est dépourvue de toute technologie ultramoderne, ce qui rend ce roman surprenant ! Les dystopies varient d’un siècle à l’autre. Avec « Birth Marked », on fait un retour en arrière d’un siècle, pour s’intéresser à nouveau au thème du pouvoir. Ce roman est marqué par la peur du totalitarisme, du monde gouverné par une seule et même entité supérieure. Les grandes craintes du 21e siècle, comme la pollution, la surconsommation, la surpopulation ne sont pas clairement représentées dans ce roman pour ado. Quoi qu’il en soit, le pouvoir est toujours à l’heure d’aujourd’hui un thème qui est remis en question, et qui intéresse la population. Comment ne pas se poser de questions face à un tel roman, posant autant de questions ? Sommes-nous contrôlés, devons-nous nous méfier des gens au pouvoir ? Le rôle de l’anti-utopie fonctionne clairement grâce à ce roman. Tous, nous ressentons le besoin de faire le point après un tel roman. 


   Gaia vit à l’extérieur de l’Enclave, du côté des pauvres, et aide sa mère, Bonnie, sage-femme, à donner à l’Enclave, trois nouveau-nés par mois, pour recevoir de quoi vivre mieux. Ses parents sont subitement arrêtés et Meg, l’assistante de sa mère lui demande de la suivre dans la Forêt Morte mais celle-ci veut les attendre. Meg lui donne alors un ruban où un code est parfaitement brodé.  Gaia va alors tenter de sauver ceux qu'elle aime. Dès son arrivée dans l’Enclave, elle va assister à une scène horrible, la pendaison d’un couple dont la femme est enceinte. Gaia va réussir à sauver le bébé malgré la mort de la mère. Elle sera alors emprisonnée elle aussi. Petit à petit, les mystères auxquelles elle est confrontée vont se lever. Elle va rencontrer de nombreuses personnes, qui tantôt lui seront d’une grande aide, tantôt l’empêcheront d’avancer. Elle va comprendre pourquoi ces enfants sont conduits dans l'Enclave et surtout, le lien entre le mystérieux tatouage qui figure sur leur cheville et le code secret que sa mère lui a laissé juste avant d'être emprisonnée. En recherchant la vérité, la jeune fille va être confrontée à un choix qui changera sa vision du monde. Ses parents, tous deux morts, elle n’aura plus rien à perdre. Gaia sera aidée notamment par le mystérieux sergent Grey (Léon). Obscur et sévère, il semble avoir mis sa vie au service de l’Enclave. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, celui-ci cache un grand secret et va finir par être complice de Gaia.
   Contre toute attente, Gaia va finir par s’enfuir avec sa sœur Maya…


   Ce roman destiné aux adolescents, peut aussi être lu et apprécié par des adultes. Les thèmes qu’il soulève peuvent toucher chacun d’entre nous. La cruauté, la manipulation, l’injustice, l’amour, tous sont présents et renforcent le roman. Alors que les gens vivant hors de l’Enclave pensaient qu’à l’intérieur tout brillait, que la vie là-bas était parfaite… Grâce à Gaia, on peut remarquer qu’au contraire, leur vie est manipulée, dirigée ! Le Protecteur (quel nom) a le pouvoir sur chacun d’entre eux, s’il veut que telle personne meure, elle mourra… Dès le début du roman, la cruauté surgit sur la Place du Bastion, avec la pendaison du couple, sous-prétexte qu’ils provenaient de la même famille. Personne ne bougea et tout sembla normal. C’est là que le lecteur comprend que la manipulation est grande et bien installée. L’injustice et le mensonge règne tout au long du roman sous différentes formes, d’une part, il y a cet arrachement entre Gaia et ses parents qui semble injuste et qui l’est ! Ils avaient toujours servi l’Enclave sans rébellion, sans défauts… Pourquoi les arrêtés, eux ? Tout s’explique par la suite. D’autre part, il est intéressant de voir que les enfants pauvres, trouvaient injuste ou plutôt enviaient tous les jeunes ayant eu la chance « d’être avancé » dans l’Enclave. Alors que, finalement, il n’y perdait pas vraiment. Qu’ils se trouvent dans ou hors de celle-ci, ils étaient manipulés et leur liberté, entravée. Bien sûr, le roman a son histoire d’amour, je cite « Elle inspira brièvement et il l’embrassa à nouveau […]. Un jour, elle s’était demandé si quelqu’un l’embrasserait jamais et si elle saurait quoi faire. […].
-              Tu es si douce, si douce, dit-il tendrement ». Cette histoire est assez hésitante, fragile, c’est ce qui la rend très touchante et un peu différente car même si on s’y attend assez tôt, rien ne se concrétise. Ce Léon, au départ vu comme un chef, un supérieur, va devenir tout autre.
   Après  Le meilleur des mondes  d’Huxley[2], 1984  d’Orwell[3] et  Hunger Games  de Collins, on pourrait avoir un sentiment de déjà vu. Mais, O’Brien parvient à rendre l’histoire attirante car majoritairement imprévisible car pleine des rebondissements, de côtés inattendus, surprenants comme lorsqu’on découvre le lourd secret de Léon, ou que la mère de Gaia meure elle aussi. Néanmoins, le lecteur s’attend à certains passages comme par exemple lorsque Gaia cria d’arrêter ce massacre dès son arrivée dans l’Enclave.  
   Face à sa couverture intrigante, à son résumé apéritif qui laisse le suspense grandir en nous,  nous sommes tout simplement attirés. Et surtout, sans oublier ce ruban, qui pousse directement le lecteur à s’interroger, qui semble d’abord peut-être anodin mais qui finalement prend tout son sens après la lecture. Il représente la clé de l’histoire, c’est sur celui-ci que sont inscrits les noms des parents biologiques. Et grâce aux dessins présents dans le récit, on peut déchiffrer et comprendre en même temps que Gaia…
   De plus, les personnages sont forts, surtout celui de Gaia, on croirait qu’il est réel. Les descriptions permettent au lecteur de se faire une image claire d’elle. Malheureusement, l’auteure a choisi un narrateur omniscient, il aurait été encore plus intéressant d’être confronté à un roman polyphonique. Nous aurions pu encore plus nous identifier aux personnages. Gaia est courageuse, futée et loyale, elle tentera tout pour sauver les siens. Nous parcourons le chemin avec elle… Léon, est le 2ème personnage le plus touchant, car il tente de se raccrocher à la société qu'il connaît mais lui aussi,  va comprendre ce qu'il se passe vraiment.
   Tout lecteur serait d’accord pour dire que la fin de ce premier tome est inattendue et excitante, tout est étudié pour que le lecteur ait envie d’en savoir plus, toujours plus. Cette fin laisse beaucoup de questions en suspens mais laisse déjà au lecteur la possibilité de réfléchir sur la société qui l’entoure. Pour en savoir plus sur les aventures de Gaia, de Léon… Il faudra lire le tome suivant « Bannie ».                         Rupcic Laura, 2ème FLE.



[1] O’BRIEN C., Birth Marked, Ed. Mango, Paris 2010.  
[2] HUXLEY A, le meilleur des mondes, Ed. Pocket, coll. « Littérature-best », Paris 2001. (1re éd. 1932)
[3] ORWELL G, 1984, Gallimard Jeunesse, coll. « folio junior », Paris 2009. (1re éd. 2003).

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